C’est dans le cadre des Journées de la culture à Lac-Beauport, le 29 septembre dernier, que la bibliothèque de l’Écrin a accueilli le conférencier Jean-Nicolas De Surmont, néo-Belge né au Québec. Ce dernier a fait redécouvrir aux participants l’important legs culturel du chansonnier Félix Leclerc.
Lors de sa conférence, M. De Surmont a souligné les rapprochements entre Félix Leclerc et les troubadours du moyen-âge, « qui chantaient leur texte en s’accompagnant que très sobrement ». Leclerc s’est par ailleurs déjà lui-même qualifié de « troubadour sans règle, ni loi, ni recette, ni conseil, qui fait ce qu’il a dans son cœur ».
La première chanson de Félix Leclerc, intitulée Notre sentier, est parue en 1939. C’est cependant L’alouette en colère (1972) qui symbolise l’engagement politique de l’artiste envers le projet d’indépendance du Québec. On y raconte la colère qui gronde dans le cœur d’un homme, alors que celui-ci voit son propre enfant se révolter face à l’oppression de son peuple.
Jean-Nicolas De Surmont relate que cette chanson de Leclerc a été produite en pleine crise d’octobre, alors que le ministre du Travail provincial Pierre Laporte était retrouvé mort, assassiné, et que Pierre Elliott Trudeau, le premier ministre du Canada, instaurait la Loi sur les mesures de guerre.
Une plume efficace
Le conférencier a également abordé la carrière prolifique d’écrivain de Félix Leclerc, au début des années 40. Lors de cette décennie, Leclerc publia une série de contes s’intitulant Adagio, Allegro et Andante. Félix Leclerc était connu sous plusieurs pseudonymes tels « le trappeur, le cowboy, le faiseur de chanson ». Nos cousins français, dès sa première visite de la France en 1950, l’appelaient simplement le Canadien.
Famille et amitiés
Félix Leclerc fut marié à Louise Viens et ensuite à Gaétane Morin, secrétaire du premier ministre Jacques Parizeau et sœur du ministre péquiste Claude Morin. Il vécut de 1914 à 1988. Lors de son décès, son beau-frère Claude Morin a expliqué, dans une entrevue accordée au quotidien Le Soleil, que Félix Leclerc « était énormément préoccupé par les problèmes de la langue française au Québec, qu’il craignait pour l’avenir de la loi 101 et qu’il souhaitait que les Québécois se réveillent face à la passivité de leur gouvernement ».
Certains citoyens présents à la conférence ont eu la surprise d’apprendre que Leclerc fréquentait des sympathisants, directs ou indirects, de l’idéologie communiste, comme Jean-Claude Chabrol et Jean Ferrat. Ce dernier aurait reçu plusieurs fois Leclerc à sa résidence de Suisse.
Jean-Nicolas De Surmont souligne la corrélation entre la naissance du mouvement indépendantiste québécois et le soutien des artistes de la chanson de l’époque, tels que « Gilles Vigneault, Georges Dor, Raymond Lévesque, Robert Charlebois et Louise Forestier». Le conférencier a conclu la conférence en rappelant « l’engagement profond de Félix Leclerc à la terre, à son temps, à son fleuve et à sa partie ».