La Finlande : un modèle éducatif différent

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Il y a plusieurs mois, Joël Beaulieu, consultant en motricité et en pédagogie sportive chez A + Action, a eu la chance d’assister au 2e Congrès international de l’activité physique et du sport chez l’enfant de 0 à 12 ans en Finlande. Alors que la nouvelle année scolaire est déjà bien entamée, il nous partage les grandes lignes du congrès et de certaines recommandations à considérer pour le milieu de l’éducation au Québec.

Le congrès scientifique regroupait des conférences, des présentations orales et des affiches sur des thématiques variées incluant la santé publique, du développement moteur, des garderies et des écoles à l’influence de l’activité physique sur la réussite scolaire. Joël Beaulieu nous présente un aperçu des principaux résultats de la recherche et des tendances mondiales en matière de pratiques favorisant l’activité physique et le sport chez l’enfant.

Valorisation de la profession
« Sans dénigrer le système québécois, la Finlande a toujours eu un système reconnu internationalement parmi les meilleurs au niveau de la réussite scolaire », indique d’entrée de jeu Joël Beaulieu.  Les valeurs sociales y sont très prisées et beaucoup de gens sont éduqués. « Malgré la richesse de leur système d’éducation, la société priorise l’enfant dans tout. » Les enseignants sont donc très valorisés, surtout pour « la qualité de leur formation, le mentorat qu’ils vont avoir dans leurs premières années de carrière, la formation continue pour aller chercher une maîtrise avant qu’ils soient permanents ». Le consultant était également surpris de constater que les Finlandais « reconnaissent les enseignants quasiment comme des vedettes et des politiciens connus » alors que la valorisation de la profession enseignante semble s’effriter d’année en année au Québec.

Bureaucratie
Les écoles finlandaises possèdent beaucoup d’autonomie. Les municipalités collaborent à la gestion des infrastructures, mais le ministère transige directement avec les écoles. « Ils ont des résultats performants. Les directions m’en ont parlé. Ils adorent avoir cette autonomie, ils ont des belles relations avec les fonctionnaires du ministère », confie Joël Beaulieu.

Activité physique
« En Finlande, le mode de vie sain et actif est appliqué depuis plusieurs années. Ça bouge de la garderie jusqu’à l’Université. On voit très peu de taux d’obésité dans ce pays. L’alimentation est très saine, beaucoup de poisson, entre autres. » Le réseau de transport actif est d’ailleurs très développé même si c’est un pays nordique. « Il fait froid aussi, mais ils bougent beaucoup plus que nous », ajoute Joël Beaulieu. Le réseau sportif est moins développé et les jeunes n’ont pas plus de temps d’éducation physique, mais c’est tout le système éducatif qui fait bouger davantage les enfants. « On voit des tables hautes, des ballons suisses et ils sortent les enfants quinze minutes à chaque heure. Ils doivent sortir dehors bouger, beau temps, mauvais temps. »

Même si les pauses actives à l’école améliorent la concentration, il semble difficile de confirmer avec certitude qu’elles ont un impact positif sur la réussite scolaire selon les informations présentées au congrès. « Dès que [les Finlandais]ont des résultats probants, ils l’appliquent. Nous, ça prend des années et encore il y a de la résistance au changement dans les pratiques. Les Universités ont leur part aussi parce que souvent, on forme nos professeurs de manière très conservatrice », déclare le consultant.

Facteur de prédiction
« Présentement, un des facteurs de prédiction pour qu’un enfant soit actif à l’âge adulte au moins 60 minutes par jour et qu’il ait un niveau élevé d’activité physique pour sa santé globale, c’est que l’enfant soit compétent au niveau moteur. On amène l’enfant à développement un sentiment de compétence parce qu’il a pratiqué une variété d’activités physiques et de sports entre 0 et 12 ans. C’est vraiment la cible. Dans les données probantes, c’est le facteur le plus déterminant. »  Selon Joël Beaulieu, c’est une réalité inquiétante qui concerne plusieurs pays puisque les enfants se spécialisent souvent trop rapidement dans un sport. Les fédérations sportives sont de plus en plus sensibilisées. « Par exemple, un enfant de 8 ans devrait au moins, dans une année, pratiquer quatre activités physiques ou sportives différentes selon les saisons. […] Il évolue, il travaille plein d’habiletés dans plein d’environnements différents : dans l’eau, sur la neige, sur la glace, sur le sol, dans les airs en gymnastique ou trampoline. Par la suite, vers 11 ou 12 ans, il développe des intérêts pour certaines activités et il peut commencer à se spécialiser, mais graduellement. »

Le réseau sportif est développé, mais le taux d’obésité et le niveau de motricité en chute libre des enfants inquiètent le consultant. Joël Beaulieu trouve également la responsabilisation parentale préoccupante présentement, même si plusieurs pays industrialisés vivent la même réalité. « Même si les garderies, les écoles, les fédérations sportives travaillent dans le même sens pour ne pas trop se spécialiser et faire bouger à l’école, il reste que la pierre angulaire est le modèle parental. C’est le facteur le plus contributif. Le parent doit lui-même donner l’exemple en bougeant, mais il doit aussi s’assurer que son enfant bouge de façon variée et qu’il bouge avec son enfant ». Il applique d’ailleurs ce principe de variété auprès de ses propres filles pour qu’elles deviennent responsables de leur santé, en bougeant.

Constat controversé
Finalement, M. Beaulieu souligne une conférence marquante du Dr Pellegrini sur un modèle de développement du jeu de bataille qui s’avère prometteur vu ses nombreux bénéfices. « L’expérience et les résultats de recherche de cette sommité mondiale démontrent clairement qu’il est souhaitable de tolérer ce genre de jeu dans les garderies et les écoles, particulièrement pour le développement global des garçons. Toutefois, il faut une structure dans laquelle le personnel soit formé pour encadrer les enfants et également pour reconnaître la différence entre un jeu de bataille amical et une agression. »

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À propos de l’auteur

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Amélie est titulaire d'un baccalauréat en communication publique décerné par l'Université Laval. Elle a complété ses études avec le profil international en étudiant une session à Sydney, en Australie. Par la suite, la réalisation de huit contrats enrichissants dans des organisations publiques et privées lui ont permis de découvrir une passion oubliée pour la rédaction. Elle collabore avec les Éditions Platine depuis trois ans, incluant deux à titre de journaliste en chef, ce qui lui permet de faire rayonner la communauté de Lac-Beauport, de Stoneham et des environs.

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