Eau potable: le milieu se mobilise

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Protection du bassin versant du lac Saint-Charles

La qualité de l’eau du lac Saint-Charles est au c˙ur des discussions depuis la sortie des travaux de recherche de l’APEL l’automne dernier. Le maire de la Ville de Québec Régis Labeaume a rapidement souligné la gravité de la situation et manifesté son intention d’en faire une priorité. Au début du mois de mars, les élus des municipalités de Stoneham-et-Tewkesbury, Lac-Beauport et Lac-Delage ont rencontré le maire pour discuter de la situation!

Comme nous l’avons mentionné dans une édition précédente, l’eau du lac Saint-Charles démontre des signes de dégradation qui se traduisent par un vieillissement accéléré, causé par différents facteurs, notamment par l’augmentation de la consommation, le développement urbain, l’épandage de sel et la présence d’un nombre croissant d’installations septiques autonomes. En décembre, les membres du conseil de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) ont adopté une résolution pour la protection des sources d’eau potable dans les bassins versants.  Selon la CMQ, cette décision sert de prévention afin d’éviter que les problèmes actuels prennent de l’ampleur, de même qu’elle laisse aux élus le temps de préciser certaines règles d’aménagement qui seront adoptées avec le règlement de contrôle intérimaire (RCI). Parmi les mesures proposées les travaux de construction sont interdits depuis le 17 décembre, et ce, pour une période de 90 jours. Par contre, le nouveau règlement  ne sera présenté à la CMQ que le 15 mars prochain. S’il est adopté, il doit être quand même approuvé par le ministère des Affaires municipales, qui dispose de 60 jours pour prendre une décision. Ainsi, les municipalités pourraient devoir retarder l’émission de permis pour encore quelques semaines.

Une implication tardive
« La situation est critique et on ne peut plus reporter à plus tard », a indiqué le maire Labeaume lors de la séance du comité plénier sur le plan métropolitain de protection des sources d’eau en février dernier. C’est pourquoi il envisage même le raccordement des fosses septiques de notre territoire aux égouts de la Ville de Québec. Selon la première évaluation, les travaux pourront se chiffrer autour de 100 M$. Afin de discuter de la situation, le maire a rendu visite aux élus des municipalités concernées au début du mois. Avant cette rencontre, le maire de Stoneham-et-Tewkesbury, M. Robert Miller, avait déploré le fait d’être complètement dans le néant par rapport à la situation. « S’il y a un partenaire impliqué, c’est bien le maire de Stoneham, et jamais au grand jamais je n’ai été invité à participer ou à siéger sur un comité », a-t-il mentionné en entrevue. Par contre, la situation semble s’être améliorée suite à leur rencontre. « On a convenu qu’on aurait accès à tous les documents pour qu’on puisse faire des recommandations et des modifications sur ce qui est sur la table, et nous avons obtenu ça aujourd’hui. […] On est content parce que s’ils veulent qu’on participe aux débats, encore fallait-il qu’on ait les documents. Je lève mon chapeau. On aurait aimé participer depuis le début, mais on embarque dans le train là », a-t-il mentionné  le 4 mars dernier. Sans pouvoir divulguer les détails, le maire de Stoneham envisage quand même la suite de manière positive. « Je peux dire que oui il y a des choses qui nous rejoignent, oui nous faisons des suggestions, des recommandations et nous espérons qu’elles seront retenues pour le bénéfice de l’ensemble de nos citoyens. » Si les propositions de la Municipalité sont retenues, M. Miller estime que ce sera bénéfique pour tout le monde.  « La région va être gagnante, l’environnement du lac Saint-Charles sera gagnant, et nous on sera gagnants! »

Lac-Delage répond aux normes
De son côté, avant de rencontrer M. Labeaume, la mairesse de Lac-Delage, Dominique Payette, souligne que « la Municipalité de Lac-Delage est déjà fière de nombreuses mesures mises en place depuis plus d’une décennie pour protéger son lac et, par conséquent, le lac Saint-Charles. » Elle se dit également prête à appuyer « les initiatives raisonnables et démontrées pour protéger encore davantage le bassin versant. » D’ailleurs, la Municipalité n’utilise plus de sels de déglaçage mais seulement du sable. Les engrais et les pesticides sont déjà interdits. Selon la mairesse, 85 % des résidences sont desservies par le réseau d’égout de la Municipalité, et les 59 résidences qui ont des fosses septiques sont conformes aux normes du ministère.

Point de vue différent
La mairesse de Lac-Beauport, Louise Brunet, n’a pas retourné nos appels pour commenter la situation. Pour sa part, le conseiller municipal Marc Bertrand considère que la rencontre avec la Ville de Québec était cordiale. « Les communications ont été rétablies depuis l’expulsion la semaine dernière de nos deux fonctionnaires du comité technique : il a été convenu que nous échangions toutes les informations que nous avons en main. Il demeure que je considère qu’il s’agit essentiellement d’une charge à fond de train contre les fosses septiques et que les mesures envisagées, extrêmement coûteuses, n’apporteront pas d’amélioration substantielle à la qualité de l’eau brute qui est puisée dans la rivière Saint-Charles à l’usine de filtration. »

Un sondage concluant pour la CMQ
La CMQ a récemment procédé à un sondage auprès de 634 résidents de Stoneham-et-Tewkesbury et Lac-Beauport afin de connaître leur intérêt dans le dossier. Selon les réponses obtenues, la CMQ indique qu’environ « 8 citoyens sur 10 se déclarent favorables à ce que des mesures pour protéger les sources d’eau dans leur municipalité soient renforcées », et que « près des deux tiers (65 %) des citoyens interrogés se disent entièrement (26 %) ou plutôt (39 %) d’accord avec la décision de la [CMQ] de prévoir des règles plus sévères pour le développement dans le bassin versant des prises d’eau des rivières Saint-Charles et Montmorency ».

Rencontres publiques
Au moment de publier ces lignes, la CMQ tient des rencontres d’information pour les citoyens qui aimeraient en savoir davantage sur le projet de RCI. « On va faire de courtes présentations, mais l’objectif c’est vraiment de répondre aux préoccupations des gens », précise Émilie Bruneau du service des communications de la Ville de Québec. « C’est sûr que les gens vont être entendus parce que c’est un contrôle intérimaire, c’est évolutif, c’est appelé à être modifié. Les recommandations qu’on va recevoir, les commentaires des gens ou les suggestions, tout va être analysé, autant les suggestions qui sont faites de la part des promoteurs que des citoyens de façon générale, parce qu’on sait qu’il y a des gens qui vont se présenter et qui n’auront pas nécessairement des projets ou des problèmes de construction, et qui vont vouloir s’intéresser beaucoup plus à la démarche de façon générale », ajoute-t-elle.

Le 10 mars avait lieu la séance d’information à Lac-Beauport. Le samedi 12 mars, une présentation sera offerte à 9 h 30 au Manoir du Lac Delage et à 13 h au gymnase de l’école du Harfang-des-Neiges de Stoneham. Si vous ne pouvez y être et désirez émettre des commentaires, vous pouvez écrire à la CMQ à cette adresse : eau@cmquebec.qc.ca.

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À propos de l’auteur

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Amélie est titulaire d'un baccalauréat en communication publique décerné par l'Université Laval. Elle a complété ses études avec le profil international en étudiant une session à Sydney, en Australie. Par la suite, la réalisation de huit contrats enrichissants dans des organisations publiques et privées lui ont permis de découvrir une passion oubliée pour la rédaction. Elle collabore avec les Éditions Platine depuis trois ans, incluant deux à titre de journaliste en chef, ce qui lui permet de faire rayonner la communauté de Lac-Beauport, de Stoneham et des environs.

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